Géroudet

Sa voix fluide et souple, l’art extraordinaire de ses imitations, son débit alerte et soutenu charment les premières heures des matinées de juin. L’oiseau ne craint pas de chanter en évidence sur une plante élevée, au sommet d’un buisson ou d’un arbre, et nous voyons frémir les plumes hérissées de sa gorge blanche, tandis que son bec grand ouvert montre l’intérieur orangé du gosier.
Son chant d’une diversité, d’une richesse admirable, mérite une place d’honneur parmi ceux des Sylviidés et rappelle par bien des traits ceux des Hypolaïs. Le caractère rythmé et « grattant » particulier aux chants des Rousserolles passe ici à l’arrière-plan, quoique perceptible par instants. La Verderolle a le don de l’imitation et combine à merveille les expressions vocales d’une quantité d’autres espèces : cris irrités de la Mésange bleue, strophes du Chardonneret, cadences de la Mésange charbonnière, babil de la Fauvette grisette, dactyle de la Caille, rire du Pic vert, roulades du Rossignol, épanchements lyriques de l’Alouette, fanfare de Canari du Pipit des arbres, et bien d’autres encore ! L’artiste ajoute à cela des sifflements filés de haute tonalité, quelques notes rauques ou nasales répétées, des sons flûtés très curieux qui lui sont personnels. Chaque chanteur compose à sa guise son pot pourri vif et volubile. L’ardeur est la plus intense lors de l’installation, jusqu’à mi-juin ; plus tard, la fréquence et la qualité du chant diminuent rapidement - on ne l’entend plus que de bon matin et le soir - et à mi-juillet il tend à cesser tout à fait. Les cris de la Verderolle ont reçu les transcriptions suivantes : tchouc... tchic... kerr... krre, souvent bas et rauques, ou bien tictictictic... tictirric.., ouitouitouit... sonores ou à mi-voix.
La Verderolle peut chanter des heures durant. Elle imite non seulement des espèces européennes, mais aussi des oiseaux africains (dans ses quartiers d’hiver). En Europe, elle imite en moyenne la voix de 63 à 84 espèces. Jusqu’à présent, on a constaté qu’elle imite (en Europe et en Afrique) la voix de 212 espèces, dont 59 ne sont pas des Passereaux. On estime que le répertoire d’un mâle n’est audible qu’au bout de 30 minutes de chant ininterrompu. L’examen des sonagrammes a montré que, du point de vue physique, certaines imitations sont presque parfaites. Les mâles ont un répertoire stable, ce qui permet d’en reconnaître certains, car, manifestement, ils n’apprennent plus. Chez les jeunes, la période d’apprentissage correspond aux dix ou onze premiers mois de vie. On ignore encore les fonctions de cette aptitude à copier la voix d’autres espèces, mais des expériences faites chez le Phragmite des joncs ont montré que les femelles sont plus attirées par les mâles qui ont un répertoire très étendu (Catchpole 1987) (M.C.).
NIVEAU D’ÉCOUTE. Chant imitatif, difficile à détecter si d’autres oiseaux chantent à proximité. CHANT. Le chant se caractérise surtout par le flux continu d’imitations qu’il comporte, celles-ci étant souvent mises en avant de façon plus évidente (séquences espacées) que chez d’autres espèces imitatrices. Mais la meilleure façon de bien le maîtriser est de savoir repérer les séries rapides de petites notes couinantes et claquantes qui séparent les imitations et reviennent comme un leitmotiv tout au long du chant. Ces motifs, qui correspondent à une accélération du chant, s’avèrent caractéristiques lorsqu’on les connaît bien.
  • Enregistreur : Stanislas Wroza
  • Enregistreur : Stanislas Wroza
  • Enregistreur : Stanislas Wroza